vendredi 28 septembre 2012

Qu'avons-nous fait de nos rêves? de Jennifer Egan aux éditions Stock




Ils se connaissent depuis des années ou sont unis par un lien fragile, Jennifer Egan nous raconte l'histoire de Sacha, Bennie et des autres. Sacha est cleptomane, travaille pour un producteur de musique, et accumule les échecs. Le producteur de musique, c'est Bennie, un mec un peu has been dont la boîte périclite. Vient ensuite Rhéa, une jeune fille folle amoureuse du dit producteur alors qu'il n'était qu'un ado. Ce nouveau personnage nous permet de faire un saut dans le passé et de retrouver nos jeunes premiers ainsi que leurs aspirations et leurs rêves. On saute d'un chapitre à un autre et on découvre de nouveaux personnages, on alterne entre passé et présent, on fait également un petit détour par le futur pour apprendre ce que tous sont devenus.

Qu'avons-nous fait de nos rêves? est un roman qui se présente de manière assez originale dans sa construction, un peu à la manière d'un "domino day". On nous parle d'un personnage pour nous amener à un autre puis encore un autre... Jennifer Egan déroule son histoire par une alternance de points de vue, d'époques et fait le constat de l'évolution d'un groupe d'individus. 
Qu'avons-nous fait de nos rêves? est un roman agréable à lire et possède une dynamique très intéressante.  Malheureusement, certains chapitres m'ont moins emballé que d'autres et j'ai eu comme un sentiment d'inégalité entre les différentes parties. Mais c'est juste un petit bémol pour ce livre vainqueur du prix Pulitzer en 2011 et qui ne cesse de récolter d'élogieuses critiques. Moi, il m'a manqué un petit quelque chose...



vendredi 21 septembre 2012

Libellules de Joël Egloff aux éditions Buchet Chastel




Joël Egloff nous propose 25 courts textes qui parlent de tout et de rien, d'hommes et de femmes qui nous entourent, d'enfants qui se questionnent, d'objets qui prennent vie, disparaissent. Tout en finesse et simplicité, l'auteur raconte de brefs instants de vie emprunts de joie, de mélancolie mais également de tristesse. Une mention spéciale pour le texte intitulé Conte de Noël dont voici un petit extrait:

Peu importe l'heure à laquelle il arrive chez lui, il n'est pas attendu. On s'en serait douté, Casimir Lentz vit seul, c'est ainsi. Je ne sais pas pourquoi, mais le contraire eût été surprenant, et j'aurais eu bien du mal à expliquer qu'il habitait une grande maison, se hâtait d'aller retrouver son épouse, ses enfants et ses chiens. J'aurais eu bien bien du mal à décrire la fête que lui auraient fait à son retour ses trois têtes blondes, ses deux lévriers afghans. Ce n'est pas de la mauvaise volonté, c'est simplement que les choses sont souvent d'une cohérence affligeante.

Libellules est un recueil de textes très touchant que l'on prend plaisir à parcourir et que l'on peut conseiller sans difficultés à un large public. Moi qui suis d'habitude assez réfractaire aux nouvelles, j'ai vraiment apprécié ces textes d'une belle simplicité. A découvrir!

jeudi 13 septembre 2012

Les derniers jours de Smokey Nelson de Catherine Mavrikakis aux éditions Sabine Wespieser



Flanqué des deux femmes de sa vie, Roxy sa Lincoln continental blanche et Betsy sa chienne Bull terrier, Sydney Blanchard divague sur sa vie. Accusé, vingt auparavant, du meurtre d'une famille à la place d'un autre, acquitté par la suite, l'homme qui voue un culte sans limite à Jimi Hendrix s'est laissé porté par la vie.
Pearl Watanabe a quitté Atlanta suite à la découverte d'une scène de crime macabre sur son lieu de travail. A Honolulu, où elle vit désormais, la vie lui semble plus paisible. Mais lorsque Tamara, sa fille, insiste pour qu'elle vienne lui rendre visite en Georgie, Pearl voit ressurgir les douleurs du passé.
Dans un long monologue, Dieu s'adresse à Ray Ryan, son fils le plus fidèle dont il a enduré la foi en mettant un assassin sur le chemin de sa fille et de sa famille. Vingt ans plus tard, Ray se rend au pénitencier de Charlestown où le meurtrier va être exécuté.
Après des années d'incarcération, Smokey Nelson, condamné à mort pour un quadruple homicide, voit ses dernières heures s'écouler dans le couloir de la mort.


Malgré quelques longueurs dans les différents monologues, Les derniers jours de Smokey Nelson est un roman à la construction particulièrement intéressante. Passant d'un personnage à un autre lors des changements de chapitres, Catherine Mavrikakis permute entre différents styles d'écriture. Alternant entre un genre plutôt classique et un style plus haché, entre monologue et récit, l'auteur donne du corps à ce roman dont on est loin d'imaginer le dénouement. 
Catherine Mavrikakis nous emporte dans le sud des Etats-Unis et fait le constat d'une Amérique des différences sociales et du racisme, livrée à elle-même après l'ouragan Katrina.