mardi 2 juillet 2013

La petite Borde d'Emmanuelle Guattari aux éditions Mercure de France


Fille de Félix Guattari, psychanalyste et philosophe proche de Gilles Deleuze, Emmanuelle Guattari a vécu une enfance plutôt atypique au sein de la clinique de La Borde. Cet établissement psychiatrique fondé en 1953 par le Dr Jean Oury et basé sur les principes de la psychothérapie institutionnelle hébergeait à l'époque pensionnaires et soignants ainsi que leur famille.
La clinique de la Borde est un lieu de soin, un lieu où la relation patients et personnel n'est pas verticale mais horizontale. Chacun est amené à participer à la vie de l'établissement, à son organisation et à son fonctionnement. Aussi, il n'était pas rare, par exemple, qu'Emmanuelle ainsi que les autres enfants logés à La Borde soient emmenés à l'école par un pensionnaire. Mais l'enfance d'Emmanuelle Guattari, ce n'est pas seulement la vie au milieu des "fous" comme elle les appellent parfois au cours de son roman, c'est également des bêtises dans le parc du Château, des promenades dans la forêt, au bord des étangs, des chamailleries entre frère et sœur, des blagues entre copains. 
A travers une série de polaroid touchants et empreints de tendresse, Emmanuelle Guattari nous livre quelques flash de son enfance à La Borde, malgré tout on reste un peu sur sa faim avec cette légère impression de rester en surface.

Dans les paquets familiaux de yaourts aromatisés, il y avait toujours quatre yaourts au citron; c'était sûrement une tradition culinaire française, maintenue, selon moi, dans le sadisme de la statistique industrielle. Nous mangions librement tous les autres arômes, mais quand il ne restait plus que les yaourts au citron, mon père considérait qu'il restait encore des yaourts.

lundi 1 juillet 2013

La maladie de Sachs de Martin Winckler aux éditions Folio


Bruno Sachs s'installe comme médecin généraliste à Play, petit village de province. Dans son cabinet, il reçoit toutes sortes de patients, des malades les plus graves aux simples enrhumés mais également les esseulés et les angoissés car Sachs a un objectif: contribuer à diminuer la douleur des corps et des âmes en peine, allant jusqu'à sacrifier sa propre vie dans ce but.

Grâce à une forme narrative originale, ce sont les patients et l'entourage du médecin qui nous racontent leur histoire en s'adressant directement à lui, Martin Winckler déroule la vie d'un village de campagne. Si les premières pages du roman se présentent comme une accumulation de portraits, très rapidement l'histoire prend une nouvelle tournure grâce à la récurrence des différents narrateurs et à l'arrivée de chapitres où Sachs en personne nous explique ce qu'est pour lui la médecine et en quoi consiste le rôle du docteur. C'est une réflexion intéressante et empreinte d'humanisme sur la relation soignant-soigné que nous propose Martin Winckler, une lecture qui, à coup sûr, ne laisse pas indifférent!