mardi 24 janvier 2012

Les Morues de Titiou Lecoq aux éditions Au Diable Vauvert





Présentation de l'éditeur:

C'est un roman qui commence comme cela :

« Au début, il y a la sonnette – et la porte qui s’ouvre et se referme sans cesse. Des pas qui résonnent dans l’entrée. Et des embrassades, des « ah », des « oh ». T’es déjà arrivé ? J’croyais que tu finirais plus tard le taff. Ouais, mais finalement j’ai bien avancé. Hé, Antoine on va pas parler boulot ce soir, hein ? Ça serait de la provoc ! Un brouhaha généralisé. Des verres qui tintent. T’as apporté les bougies ? Non c’était à Emma de le faire. »

Et c’est un roman qui commence aussi comme cela :

« Depuis une dizaine de minutes, Emma gardait la tête obstinément levée vers la voûte. En suivant des yeux les courbes compliquées des arches gothiques de l’église, elle espérait éviter de pleurer. Mais d’une elle commençait à avoir sérieusement mal à la nuque et de deux il devenait évident qu’elle ne pourrait pas échapper aux larmes de circonstance. »

C’est donc l’histoire des Morues, d’Emma et sa bande de copines, de ses amis, et, si l’on s’y arrête une minute, c’est le roman de comment on s’aime en France au début du XXIe siècle.
Mais c’est davantage.
C’est un livre qui commence comme une histoire de filles, continue comme un polar féministe en milieu cultivé, se mue en thriller de journalisme politique réaliste – au cours duquel l’audacieuse journaliste nous dévoilera les dessous de la privatisation du patrimoine culturel français - et vous laisse finalement, 500 pages plus loin sans les voir, dans le roman d’une époque embrassée dans sa totalité par le prisme de quatre personnages.

Cet ambitieux projet romanesque, qui a pris plusieurs années à son auteur, est une réussite totale.
D’abord parce qu’il se dévore. Que sa lecture procure un plaisir continu, et qu’il emprunte toutes ses voies pour s’inscrire dans une perspective globale avec une acuité, une ironie et une gouaille bien contemporaines, mais en y superposant le paysage littéraire d’une jeune femme d’aujourd’hui qui, petite fille, réécrivait la fin des romans de la Comtesse de Ségur pour celles qu’elle préférait lire.
Cela donne un authentique et passionnant roman français.


Et j'en pense quoi?

Trentenaires en quête d'amour ou d'indépendance, voulant assumer vie professionnelle et vie affective avec fierté mais pas seulement. Les Morues, c'est également l'histoire d'un deuil, d'une mort dont les circonstances posent question et au sujet de laquelle certains des protagonistes vont se lancer dans une quête effrénée de vérité. Mais c'est surtout une histoire d'amitié et de compréhension de soi.

Je sais que certains ont eu quelques difficultés à accrocher avec le style de Titiou Lecoq, ça n'a pas du tout été mon cas. Je me suis retrouvée plongée dans ce groupe de trentenaires très rapidement pour n'en ressortir qu'à la fin. Si j'ai apprécié ce premier roman de Titiou Lecoq, c'est sans aucun doute car ce qu'elle y raconte m'est un peu familier et réveille certains souvenirs. Dans tous les cas, je trouve que l'auteur décrit avec beaucoup de justesse les interactions entre les différents personnages ainsi que les aspirations et interrogations de chacun quant à un avenir incertain. L'intrigue liée à la mort de Charlotte lie économie et culture et trouve facilement sa place au coeur du roman.

Alors, certes Titiou Lecoq bascule régulièrement dans un langage familier mais pour moi c'est un parti pris réussi. Une histoire efficace, des personnages touchants, un moment agréable.


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire