Nous sommes en 1942 dans le ghetto juif de Prokov en Ukraine. Ranek, déporté, se retrouve au bord du Dniestr et doit lutter pour sa survie. Chaque nuit, il faut trouver un endroit pour dormir mais surtout pour être à l'abri des rafles incessantes. Se battre pour conserver sa place car dans le ghetto, les amis n'existent plus, c'est l'instinct de survie qui prédomine. Ici, il n'est plus question de communauté et de solidarité mais d'hommes qui ont faim, froid, peur. Le typhus se répand, les poux prolifèrent, les épluchures de pommes de terre deviennent une denrée rare et prisée. Chaque minute est un combat où tous les tabous s'effondrent, la mort, le sexe deviennent des marchandises.
Nuit paraît pour la première fois en 1964 en Allemagne mais l'éditeur d'Edgar Hilsenrath craint que la population ne soit pas prête à accueillir un tel roman mettant en scène les déportés juifs non pas comme des victimes mais simplement comme des hommes. Le texte est auto-censuré. Il paraîtra à nouveau quelques années plus tard aux Etats-Unis où il connaîtra un grand succès. C'est cette année seulement que nous pouvons le découvrir dans une traduction française de Jörg Stickan et Sacha Zilberfarb. Edgar Hilsenrath dépeint les ghettos avec beaucoup de réalisme et de cynisme. Nuit, c'est une grande claque, un texte d'une grande force sans démagogie aucune qu'on regrette de ne pas avoir découvert plus tôt.
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